«Au fil du temps, la cohésion a pris le pas sur les dissonances»
- chantaljaun
- 4 juin
- 3 min de lecture

Dans notre nouvelle série d’entretiens «À bon entendeur – récits d’acteurs du monde du recyclage», nous nous entretenons avec des personnalités qui donnent un visage au recyclage des briques à boisson. Des personnes qui ont fait bouger les choses – que ce soit par leur parcours professionnel, leurs expériences personnelles ou leur engagement en faveur de la protection de l’environnement et des ressources. Nous les interrogeons au sujet de leur vécu, des connaissances qu’elles ont acquises et de la manière dont elles envisagent l’avenir du recyclage des briques à boisson en Suisse. Nous souhaitons en découvrir davantage sur leurs perspectives, leurs moments inspirants – et ce que nous pouvons apprendre d’eux.
Nous avons mené le premier entretien avec Wolfgang Wörnhard. En tant qu’ancien président de RecyPac, Wolfgang Wörnhard a vécu et marqué les années fondatrices de l’organisation sectorielle visant à implémenter une collecte des briques à boisson et des plastiques à l’échelle nationale.
Cher Wolfgang, comment as-tu croisé le chemin de RecyPac?
La première prise de contact par Swiss Recycle a eu lieu en 2022. Dans le cadre du projet «Collecte 2025», ils étaient à la recherche d’une personne pour animer une séance. Le projet piétinait au vu des intérêts et des points de vue divergents. En ma qualité de médiateur, je m’y connais en matière de blocages et c’est probablement pour cette raison qu’ils m’ont choisi pour diriger la réunion (sourire).
Mon attitude fondamentale consiste à toujours aborder les discussions avec une certaine ouverture d’esprit, sans idées préconçues ni objectifs personnels. Il est essentiel de tenir compte des besoins de l’ensemble des acteurs. Si bien que ma première intervention fut simple: j’ai modifié la disposition des places et fait asseoir les participantes et participants en demi-cercle. De quoi leur permettre de mieux se voir et s’écouter – et de mieux se comprendre au final. J’ai dû bien faire les choses, puisque SwissRecycle m’a confié l’animation d’une deuxième et d’une troisième séance. Au fil du temps, la cohésion a pris le pas sur les dissonances, aboutissant à une entente.
Quand l’organisation RecyPac a été fondée en novembre 2023, j’en ai accepté la présidence, en convenant, toutefois, que je n’assumerais cette fonction que pendant la phase de démarrage. En mai dernier, j’ai ainsi passé le flambeau à Kathrin Amacker qui a pris la relève et je me consacre désormais à d’autres domaines de la vie.
Qu’est-ce qui t’a motivé à faire progresser le recyclage en Suisse? Et que retiens-tu de ces années fondatrices de RecyPac?

J’ai d’emblée compris le concept de circuit à la base du projet «Collecte 2025» – par le passé, je m’étais déjà penché sur le thème du recyclage. Dans les années 1980, je travaillais alors pour une grande maison d’édition suisse, nous avons organisé la collecte régulière du papier. À l’époque, les journaux n’étaient collectés que sporadiquement et la majeure partie était tout simplement incinérée en Suisse. Comme c’est le cas aujourd’hui pour le recyclage des briques à boisson, j’ai dû faire face à bien des résistances ainsi qu’à des arguments émotionnels qu’il s’agissait de réfuter. De nos jours, la collecte du papier en Suisse est une évidence – et j’espère vivement qu’il en sera de même pour le recyclage des briques à boisson dans quelques années.
Ce que j’en retiens? En ce moment, je lis l’ouvrage «Haltung erweitern». Il traite de la manière dont notre attitude évolue au cours de notre vie; de l’enfant égocentrique à la phase de la vie – dans laquelle je me trouve actuellement – où il s’agit avant tout d’accepter les points de vue et attitudes les plus divers. Ce que je retiens des années fondatrices de RecyPac, c’est que nous pouvons tous apprendre à comprendre les attitudes et les besoins d’autrui, même si nous ne les partageons pas.
Quels sont tes souhaits pour le recyclage des briques à boisson en Suisse?
Mon premier souhait est que le Conseil fédéral édicte une ordonnance offrant à l’organisation sectorielle RecyPac les moyens d’organiser la collecte et le recyclage des briques à boisson et des plastiques à l’échelle nationale – et pas uniquement là où cela en vaut la peine financièrement.
Mon deuxième souhait est que les volumes collectés en Suisse augmentent de façon relativement rapide, afin d’implémenter de nouvelles infrastructures garantissant un tri et un recyclage de qualité dans le pays.
L’entretien a été mené par Lara Gruhn et Chantal Jaun