«C’est en unissant nos efforts que nous pourrons avancer dans le domaine du recyclage.»
- chantaljaun
- 5 sept.
- 4 min de lecture
Dans notre série d’entretiens «À bon entendeur – récits d’acteurs du monde du recyclage», nous nous entretenons avec des personnalités qui donnent un visage au recyclage. Des personnes qui ont fait bouger les choses – que ce soit par leur parcours professionnel, leurs expériences personnelles ou leur engagement en faveur de la protection de l’environnement et des ressources. Nous les interrogeons au sujet de leur vécu, des connaissances qu’elles ont acquises et de la manière dont elles envisagent l’avenir du recyclage des briques à boisson en Suisse. Nous souhaitons en découvrir davantage sur leurs perspectives, leurs moments inspirants – et ce que nous pouvons apprendre d’eux.

Cette fois, nous avons interrogé Viviane Pfister. En sa qualité de codirectrice de Swiss Recycle, elle marque de son empreinte le travail du centre de compétences suisse pour le recyclage et l’économie circulaire, dont l’association RBS est partenaire de faction. À son poste, Viviane Pfister s’occupe au quotidien des défis de la gestion durable des ressources, du recyclage des matières et du renforcement de l’économie circulaire en Suisse.
Chère Viviane, comment vous êtes-vous trouvés, Swiss Recycle et toi?
J’ai commencé ma carrière comme journaliste avant de me lancer dans la communication d’entreprise et le marketing pour l’industrie de la construction. Je m’occupais déjà de recyclage et de développement durable et j’ai vite remarqué à quel point ces sujets me tenaient à cœur. Je suis alors tombée sur une annonce de Swiss Recycle, qui s’appelait encore Swiss Recycling à l’époque, et j’ai tout de suite su que c’était un domaine dans lequel je souhaitais me spécialiser. J’ai donc commencé comme cheffe de projet marketing et communication, avant d’être responsable du département et de devenir aujourd’hui la codirectrice de Swiss Recycle.
Qu’est-ce qui te fascine dans le recyclage et le développement durable?
Ces deux thèmes sont déterminants pour notre avenir, étant donné leur lien avec le changement climatique. Pour moi, c’est une mission chargée de sens. Il ne s’agit pas de stimuler des ventes, mais de rallier les gens à une cause précieuse et cruciale pour notre futur.
Je suis également fascinée par l’aspect psychologique. En effet, chacun peut actionner des leviers, même s’ils peuvent paraître insignifiants. La moindre brique à boisson compte et chacune et chacun peut contribuer au recyclage. Bien sûr, l’action exige également des conditions-cadres au niveau politique et une industrie qui joue le jeu. Mais avec un bon travail de communication et de sensibilisation, il est possible d’inciter un grand nombre de nos concitoyens au recyclage. Cette composante psychologique m’a fascinée depuis le début.
Tu es codirectrice depuis mars 2025. Quels ont été tes plus beaux moments jusqu’à présent? Et quels ont été les plus grands défis que tu as dû relever?
Les victoires d’étape que nous avons pu célébrer ensemble étaient particulièrement belles. Je pense notamment à la Journée du recyclage, à la stratégie développée en commun avec le comité ou encore à la réorganisation de la structure de nos réunions. Tous ces moments redonnent de l’énergie.
Ce qui peut être difficile, parfois, c’est que notre organisation faîtière travaille avec un grand nombre de groupes d’intérêt. Par conséquent, trouver un terrain d’entente nécessite énormément de temps, de nombreuses discussions et une grande capacité à comprendre le point de vue des autres. Cela peut se révéler frustrant, mais aussi stimulant, car il est nécessaire de concevoir des perspectives différentes et de communiquer avec des publics variés. Le sentiment est d’autant plus gratifiant quand on arrive à trouver des solutions communes. Je suis convaincue d’une chose: c’est seulement en unissant nos efforts que nous pourrons avancer dans le domaine du recyclage.
À quoi ressemble ton quotidien de codirectrice?
Ce qui me plaît en arrivant le matin, c’est de ne pas savoir ce que la journée va me réserver. En tant que responsable des relations publiques, j’ai souvent l’occasion d’être sollicitée par des demandes inattendues et stimulantes. Je travaille d’une part dans le domaine opérationnel de la communication et d’autre part, comme codirectrice, j’ai un rôle très conceptuel et stratégique. Ce mélange rend mes journées très variées.
J’ai l’avantage de travailler depuis très longtemps avec ma codirectrice Rahel Ostgen. Chacune connaît parfaitement les points forts de l’autre, nos rôles respectifs sont clairement définis et nous nous complétons à merveille. Cela fait tout simplement plaisir de travailler ensemble.
As-tu des rituels qui t’aident au quotidien?
Absolument. Tous les matins, je fais le trajet d’Aarau à Zurich en train et j’en profite pour me préparer mentalement, par exemple avec un podcast ou des articles traitant de la durabilité. Et sur le trajet du retour, je décompresse. Ces 22 minutes sont du temps pour moi, avant de retrouver mon mari et mon enfant à la maison.
Quels sont tes souhaits concernant la gestion du recyclage en Suisse?
Nous avons encore de la marge pour nous améliorer sur certains matériaux, comme les briques à boisson et le plastique. Pour moi, il est important que notre réflexion aille au-delà du seul recyclage, car le cycle des matières commence dès le stade de la conception. On ne peut recycler les emballages de façon qualitative que s’ils ont été conçus avec la même exigence. On commence à voir des changements avec le Design for Recycling et le Design for Circularity, mais il reste beaucoup de chemin à faire.
Pour conclure, nous disposons de ressources limitées et le recyclage est une bonne solution à la fois sur le plan écologique et économique. Ce n’est pas «l’un ou l’autre», mais les deux en même temps. Les quatre R (réduire, réutiliser, réparer et recycler) de l’économie circulaire doivent être utilisés et toutes les associations et organisations du secteur doivent collaborer pour trouver des solutions qui seront pérennes, réalistes et durables à long terme.
Cet entretien a été mené par Lara Gruhn le lundi 18 août 2025